Paranormal Activity avait été annoncé comme LE film le plus flippant de la décennie. L'histoire ? Un couple se filme jour et nuit afin de tenter de comprendre les phénomènes surnaturels qui semblent poursuivre la jeune fille. Un film entièrement tourné avec une petite caméra, avec des images parfois tremblantes façon c'est-moi-qui-l-ai-fait.
La promo du film a été savamment orchestrée, avec une bande-annonce teasing qui, plutôt que de diffuser des extraits du film, montrait les premiers spectateurs prostrés sur leur siège, sursautant et hurlant au moindre bruit suspect. Et pour faire mariner les spectateurs, les diffuseurs ont préféré ne diffuser le film que dans une douzaine de salles, afin de faire monter la sauce et de créer le buzz sur Twitter, Facebook et le ouaibe en général.
Aux Etats-Unis, où il tourne depuis septembre,
Paranormal Activity a eu un gros succès, et a déjà rapporté plus de 100 millions de dollars pour un budget de 15000 dollars, c'est plutôt rentable...
Une histoire qui rappelle étrangement, dix ans après sa sortie, le film
Le Projet Blair Witch, qui lui aussi utilisait le ressort du faux-vrai document récupéré après la disparition tragique de ses protagonistes.
Bref, un film dont tout le monde parlait avant même sa sortie en France le 2 décembre dernier.
Et là... Déception pour de nombreux fans de films d'horreur, acharnement des cinéphiles. «
Le recours au procédé de la caméra subjective pour abolir la frontière entre la fiction et la réalité n'est pas obligatoirement synonyme de réussite» selon Mad Movies, «La campagne marketing assure que c'est effrayant. L'Express assure que c'est une escroquerie», «Une porte qui claque, la lumière du couloir qui s'allume en pleine nuit. C'est tout ? Oui. L'arnaque absolue, on vous dit» pour Télérama... J'avais toutes ces critiques en tête en allant voir le film hier soir. Au final ? Une agréable surprise et quelques frissons.
Oui, comme Paranormal Activity joue sur la suggestion, on ne voit pas grand chose, si ce n'est deux-trois empreintes de poule géante dans du talc ou une porte qui claque toute seule. N'empêche, c'est largement suffisant pour créer un climat oppressant qui laisse le spectateur dans un état de tension tel qu'on guette le moindre changement de lumière à l'écran, signe qu'il va se passer quelque chose.
Pour être honnête, souvent, il ne se passe rien. Une table de oui-ja qui prend feu, un drap qui se soulève. Pas de scènes effrayantes à proprement parler. Des bruits de pas au loin, des craquements étranges, mais à chaque fois qu'on s'attend à ce que quelque chose d'horrible arrive, nada.
C'est limite ça qui est horrible, car la tension, elle, reste. Lorsque le jeune homme monte dans le grenier, d'où semblent venir les traces de pas, et en fait le tour avec sa lampe torche, on sait - on a l'habitude des films d'hoeeur - qu'à un moment, dans le faisceau, il va y avoir quelque chose de terrifiant : un visage grimaçant, un cadavre décharné, au moins une petite ombre inquiétante ? Eh bien non. Rien. On a eu peur pour rien. Mais on a eu peur quand même. Et c'est ça qui compte.
Je préfère de loin un film comme Paranormal Activity, où le scénario est, il est vrai, résumable sur un ticket de métro et les effets spéciaux quasi-inexistants, que toute la série des Saw, qui n'ont d'autre argument que des scènes de torture-porn plus insoutenables à chaque nouvel opus. Je préfère trembler devant une porte qui grince que me retenir de vomir devant une fille qu'on menace d'énucler (j'ai bien écrit) après lui avoir arraché la langue si elle n'accepte pas de brûler au fer à friser les tétons d'un inconnu dont on aura préalablement passé les orteils au mixer (vous retrouverez ça dans Saw 7 sans doute).
Ces derniers temps, les films d'horreur ont trop pris l'habitude de verser dans le sadisme et d'oublier de faire peur. Paranormal Activity, s'il ne révolutionne pas le genre, a le mérite de jouer sur ces peurs les plus basiques, la peur du noir, de ces bruits qu'on n'arrivent pas à identifier, la peur du croque-mitaine caché dans l'armoire...
Alors oui, on espère que le succès du film ne va pas donner l'idée à 36 réalisateurs en herbe de faire leur propre film d'horreur avec une petite caméra DV et un montage à la hache. Mais c'est pareil pour beaucoup de films. Comme Scream, qui avait donné naissance à toute une série de slashers surfant sur le succès du film de Wes Craven, le premier et le moins pire étant Souviens-toi L'été Dernier... Bon là, avec le peu de moyens nécessaires pour tourner un film comme Paranormal Activity, on peut s'attendre à retrouver, même sur le web, des dizaines d'ersatz de films d'horreur tournés et montés en deux jours... Tant pis. Au bout de deux ou trois échecs commerciaux, il y a des choses que le phénomène s'essouffle...
Paranormal Activity n'est pas le film le plus effrayant qui n'ait jamais été réalisé (le plus flippant, c'est Bienvenue chez les Ch'tis). Paranormal Activity doit en grande partie son succès au marketing viral qui l'a précédé. Paranormal Activity ne restera pas dans les mémoires comme un grand film. C'est vrai. Mais regardez-le, seul dans une grande maison isolée, avec un seau de pop-corn et en pleine nuit, et on en reparle.
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Ceci dit, même Histoires Naturelles, seul dans une grande maison isolée avec un seau de pop-corn et en pleine nuit, ça doit faire peur...
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C'est à cause du pop-corn ou de la grande maison isolée ?
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C'est parce que la maison est grande ou parce qu'elle est isolée qu'elle fait peur ?
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J'ai pas de chute là...
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