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3 novembre 2006 5 03 /11 /novembre /2006 11:02

Aujourd'hui, quasiment tout le monde est en congé. Je me retrouve seule dans le bureau, devant mon ordi, libre de faire ce que je veux. J'ai pensé passer la journée à bosser à poil, mais la mamie qui a une vue sur le bureau pourrait s'offusquer du spectacle.
Il faut savoir que depuis ma fenêtre, je vois l'appartement d'une mamie. plus exactement, deux pièces de son habitation : la cuisine et les vécés. et le truc, c'est que pour aller de la cuisine aux vécés, la mamie, elle doit traverser un balcon. Ca doit pas être marrant l'hiver.

Enfin, bref, aujourd'hui, je suis seule au bureau. Du coup, je visite des skyblogs. Visiter les skyblogs est devenu une de mes activités favorites. Ca me permet d'apprendre une langue étrangère : le d'jeun's. Et puis je découvre des photos de gens que je ne connais pas, de leur chat, leur prof de maths, leur voiture tunée... J'aime bien.
Temps perdu : 15 minutes (dont 10 de déchiffrage "Lol sa race maudite el Dchir tro cte caiss, vien sur mon sky ya tou mé pote, lol écout pa lé rageux")

Comme je suis seule, j'en profite pour passer plein de coups de fil professionnels, en essayant de les faire durer :
- Bonjour Madame, est-ce que Monsieur Trucmuche est là ? (il s'appelle pas vraiment monsieur Trucmuche, hein !)
- Ah non, désolée, il est en congé, il rentre lundi.
- Ah. Personne d'autre ne pourrait répondre à mes questions ?
- Je en vois pas. Vous savez, c'est les vacances.
- Ah oui. Je vous comprends, moi-même je suis toute seule au bureau, voyez-vous, et la mamie qui est en face n'a pas l'air d'être là non plus et... Madame ? Madame ?
- ... beep ... beep ... beep
Temps perdu : 5 minutes

Pour m'occuper, je vais boire à la fontaine. C'est bien, parce que la fontaine est tout au bout du couloir, alors quand j'y vais, je perds au moins 1 minute 30. Je ne remplis mon verre qu'à moitié, je reviens le boire dans le bureau, puis je retourne pour le remplir à nouveau. Et comme je bois beaucoup, je vais souvent aux vécés, qui sont encore plus loin dans le couloir. Là, je perds carrément 3 minutes.

Je parle toute seule aussi, je râle contre les skyblogs, contre l'eau de la fontaine qu'est trop froide, contre la mamie qui ne se montre pas aujourd'hui, contre le store qui laisse quand même passer le soleil.
Temps perdu : 6 minutes 30.

Je ne m'étais jamais rendu compte qu'il y avait exactement 48 plaques qui constituaient le plafond.
Temps perdu : 25 minutes (j'ai dû recompter plusieurs fois)

Ranger, ça occupe vachement. Je viens de trier tous les exemplaires de quotidiens régionaux et nationaux du mois dernier dans l'ordre chronologique, j'ai arrangé les livres de l'étagère par ordre de taille et de couleur (difficile), et séparé les trombones de couleur des trombones gris.
Temps perdu : 30 minutes

J'ai gribouillé la carte d'Europe qui est accrochée au mur avec plein de blagounettes hilarantes. Paris est devenu Flers-en-Escrebieux; Rome s'appelle désormais Rhum et j'ai interverti Budapest et Bucarest...
Temps perdu : 2 minutes 15

Le type qui apporte le courrier est passé à 10 heures, puis à 11h15. Compte tenu de sa vitesse approximative (5 km/heure) et des arrêts pour déposer les lettres et colis (que j'estime à 15 secondes par service), j'ai calculé la longueur des couloirs parcourrus en une heure à 35 212 kilomètres.
Temps perdu : 34 minutes (prévoir un nouveau calcul car celui-ci semble erronné)

 

Mon chef vient de revenir de réunion, sa pile de dossiers sous le bras, l'air affairé. Il me demande si j'ai avancé dans mon boulot, si j'ai appelé Monsieur Trucmuche, Mademoiselle Machin-chose, et si j'ai vérifié les infos sur le dossier en cours. Je joue l'indignée. Comme si j'avais que ça à faire, moi ! 

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26 septembre 2006 2 26 /09 /septembre /2006 11:27
    Amandine* est blonde.
    Je suis souvent la première à me lever, outrée, lorsque j'entends des blagues sur les blondes, hurlant que la couleur de cheveux n'a rien à voir avec l'intellect, qu'il ne faut pas généraliser, que c'est une honte de stigmatiser toute une population à cause d'un détail aussi stupide. Faut dire que moi aussi je suis blonde. Mais rien à voir avec Amandine. Amandine est LA blonde. La blonde qui, à mon avis, est à l'origine de toutes les blagues sur les blondes. A elle seule, elle légitime des années de vexations et d'humiliations subies par notre race. C'est dire.

    J'ai rencontré Amandine lorsque je travaillais dans un magasin de prêt-à-porter. Loin de moi l'idée de stigmatiser cette fois les vendeuses de prêt-à-porter : à part Amandine, toutes les filles du magasin étaient normales.

    Moi, je bossais pas en magasin, je déballais les colis dans la salle de derrière. Le contact avec les clientes, très peu pour moi. Les rares fois où je m'y suis essayée, ça s'est assez mal passé :

Cliente : Qu'est-ce que vous me conseillez avec ce petit haut ?
Kit : ... Un régime ?

    Bref, j'étais pas faite pour ça, et déballer les colis, c'était très bien pour moi. J'étais la meilleure déballeuse de colis de la région, et ma chef me félicitait, la larme à l'oeil, pour mon efficacité ; me parlait de me faire donner des formations au déballage de colis. Moi, je me voyais bien devant un amphi plein à craquer, dissertant sur l'art de déballer les colis sans déchirer les vêtements. J'étais la coli-girl (c'est comme ça qu'on m'appelait, je ne ferai pas de commentaires là-dessus, le nom se suffit à lui-même) la plus rapide de la région, donc, et je battais chaque semaine mes records, allant jusqu'à travailler deux fois plus vite que les autres. En y repensant, c'était stupide de ma part, puisque j'étais payée à l'heure. Mais le goût du challenge était le plus fort.

    Mais revenons à Amandine. Elle en vaut la peine.
    J'ai plein de chouettes histoires sur elle. Elle rêvait de bosser dans un magasin de maquillage, parce qu'elle avait du goût  pour ça. Enfin, c'est ce qu'elle me disait, pour ma part, je la trouvais aussi maquillée qu'une voiture volée. Du goût... Le jour où elle m'a montré sa gourmette en or clinquante, qui devait peser dans les deux kilos au bas mot, une gourmette avec des maillons aussi gros que P. Diddy n'en aurait pas voulu, j'ai eu du mal à faire comme si je trouvais ça joli. Et lorsqu'elle m'a dit l'avoir acheté 1100 euros, je crois avoir écrasé une petite larme.

    Ou ce jour où, alors que je déballais mes colis, elle vient dans la réserve et me montre sa jupe de cuir :

Amandine : T'as vu ma jupe ? Elle est cool, non ?
Kit : Oui, oui... (c'est une jupe, quoi)
Amandine : C'est mon copain qui me l'a payée...
Kit : Ah cool...
Amandine : C'est du 34, c'est cool parce que c'est dur à trouver le 34.
Kit : Ah ben oui (faut dire aussi que moi, avec mon 44 généreux, j'en cherche rarement)
Amandine : Mon copain voulait acheter du 36, il est fou, il me prend pour une obèse !
Kit : ...

    Ca c'est Amandine.
    Mais il y a mieux.

Amandine (me montrant ses pieds nus, qu'elle me fout quasiment sous le nez, ce qui est très désagréable) : T'as vus mes orteils, j'ai des coupures !
Kit : Ah ben oui.
Amandine : Ca fait mal , je suis allée chez le pharmacien pour lui montrer
Kit : Ah c'est bien (quelle chance il a !)
Catherine, une autre fille, entre dans la réserve
Amandine : Eh Catherine, t'as vu mes orteils ? (lui foutant sous le nez)
Catherine (dégoutée) : Ah mais c'est dégueulasse, t'as des champignons !
Amandine (outrée) : Mais non !!! T'es dégueu ! J'les ai montrés à mon pharmacien, il m'a dit que c'était une mycose !

    Voilà.
    Amandine est LA blonde par laquelle les blagues blondes sont arrivées.



* Le prénom a été changé pour conserver l'anonymat de la famille qui  a déjà son lot de problèmes.
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